dimanche 7 décembre 2008

Une phrase en entraîne une autre...


Lisa2
Je suis Lisa d'ici. Née au creux de la ville, sans terre, où que j'aille déracinée. Rien ne m'appartient sauf une guitare. Je ne sais jouer qu'un seul air. J'ai un amoureux que je n'aime pas, un frère qui m'aime comme il peut, un homme rencontré la nuit auquel je pense tout le temps. Par lui bientôt un enfant. Et des parents. C'est tout. Tu es belle.

Lisa1
Je suis Lisa du delà de la croisée des chemins. J'ai des souvenirs. Je suis celle qui est sortie du tas des morts, celle qui avance, portant toujours le poids du tas sur ses épaules.

Lisa2
Tu es étrangère ?

Lisa1
Je ne suis pas étrangère. Je suis anonyme. Comme toi.

Lisa2
Je ne suis pas anonyme. Je suis Lisa d'ici. Née de ma mère, reconnue par mon père, baptisée catholique à l'âge de six mois, volontairement solitaire. Déracinée, j'ai dit, je précise : par essence et par vocation. Sans envie d'aucune sorte. Jusqu'à l'homme. Jusqu'à la rencontre de l'homme qui va pieds nus, assis la nuit, qui fume des cigarettes. Jusqu'à lui sans désir, juste une guitare. Ton regard me fait mal.

Lisa1
Je suis Lisa de l'autre côté. J'ai marché. J'ai porté le poids du tas sans faiblir jusqu'ici. Jusqu'à l'homme qui a échangé sa force contre la mienne, sa peur contre la mienne. Jusqu'à lui sans repos. Tout ce qui est mort a survécu au dedans de moi. Je suis trop faible. Je voudrais pouvoir empailler le poids de mes amours.

(Fanny Mentré, Lisa1 et 2)